Certains salariés touchent une rémunération complète pendant leur formation, tandis que d’autres, pourtant en CDI et avec des droits similaires, voient leurs demandes rejetées sans explication limpide. Les règles du jeu, loin d’être gravées dans le marbre, varient d’un secteur à l’autre, d’un organisme à l’autre. Face à ce millefeuille administratif, il faut savoir déjouer les pièges, repérer les bons dispositifs et activer les leviers qui font vraiment la différence.
Obtenir le paiement d’une formation en CDI ne relève donc ni de la chance, ni d’une procédure universelle. Il s’agit d’une négociation fine, où connaissance des textes, anticipation des démarches et choix du bon interlocuteur deviennent décisifs. Se former tout en maintenant sa rémunération, c’est possible, à condition de maîtriser les ressources à disposition.
Comprendre vos droits à la formation en CDI : ce que dit la loi
En CDI, la formation professionnelle repose sur des droits encadrés par le Code du travail. Plusieurs dispositifs coexistent, chacun avec son mode de fonctionnement.
Le compte personnel de formation (CPF) constitue un accès direct et individuel : il permet au salarié de cumuler des droits à la formation, utilisables pour des sessions qualifiantes, dès lors que la formation a lieu hors du temps de travail. Si la formation s’effectue sur les horaires professionnels, obtenir l’accord de l’employeur devient incontournable.
De son côté, le plan de développement des compétences relève de l’entreprise. Ce dispositif offre aux salariés des formations proposées par l’employeur, pour répondre à des changements de métier ou à une évolution interne. Ces heures de formation sont comptées comme du temps de travail : la rémunération ne bouge pas.
À ceux qui veulent changer de voie, le projet de transition professionnelle (ancien CIF) permet de suivre une formation longue en vue d’une reconversion, à condition de justifier d’un minimum d’ancienneté. Salarié CDI, cela signifie que le maintien de la rémunération est possible pendant tout le parcours, selon l’acceptation du dossier.
Voici les principaux dispositifs qui structurent le droit à la formation :
- CPF (compte personnel de formation) : la voie individuelle et autonome
- Plan de développement des compétences : accessible via l’employeur
- Projet de transition professionnelle : la solution pour une reconversion avec maintien du salaire
Le cadre légal sécurise ces options, offrant à chaque salarié une palette de moyens pour accéder à la formation, financer son projet et conserver son revenu, selon le dispositif activé.
Quels dispositifs pour financer votre formation tout en travaillant ?
Le champ dédié au financement de la formation en CDI s’est nettement élargi. Aujourd’hui, plusieurs solutions existent pour acquérir de nouvelles compétences tout en préservant sa fiche de paie.
Le CPF reste la ressource individuelle, accessible à tout salarié. On y pioche pour financer des parcours certifiants, faire un bilan de compétences ou valider son expérience. Ce crédit peut aussi servir de complément, si d’autres financements sont nécessaires.
Au sein de l’entreprise, le plan de développement des compétences garantit le maintien du salaire pour toute formation organisée sur le temps de travail. Cette solution correspond souvent à des besoins internes liés à la stratégie RH.
Pour les envies de virage professionnel, le projet de transition professionnelle offre une porte de sortie : formation longue, possible maintien du salaire, à condition de respecter les critères d’ancienneté et de bâtir un dossier convaincant.
Une dernière piste, le dispositif Pro-A, favorise la progression ou la réorientation grâce à l’alternance adulte. Ici, la montée en compétences se fait via un cursus mêlant théorie et pratique, avec un cofinancement souvent assuré par l’entreprise et son OPCO.
Voici comment s’y retrouver parmi les options de financement :
- Utilisation du CPF pour un parcours certifiant
- Formations internes cadrées par le plan de développement des compétences
- Projet de transition professionnelle, idéal en cas de reconversion
- Dispositif Pro-A, pour évoluer ou changer via l’alternance
L’idéal ? Anticiper, sélectionner le dispositif adapté et, si besoin, combiner plusieurs options pour une prise en charge optimale.
Employeur, CPF, OPCO… qui paie quoi et dans quelles conditions ?
Financer une formation en CDI, c’est composer avec plusieurs acteurs ayant chacun leurs règles de prise en charge.
Quand la formation relève du plan de développement des compétences, l’employeur se charge des frais pédagogiques, et parfois aussi des coûts annexes (déplacement, hébergement). Dans ce schéma, le maintien de la rémunération est automatique, la formation faisant partie intégrante du temps de travail.
Avec le CPF, le financement est personnel. Il permet de couvrir des frais sur une large gamme de parcours qualifiants. Si le montant disponible ne suffit pas, une discussion avec la RH permet parfois d’obtenir un complément financier de la part de l’entreprise (abondement).
Les OPCO, organismes chargés de soutenir la professionnalisation, entrent en scène dans l’alternance ou le dispositif Pro-A. Ils prennent le relais sur une partie du coût, à condition que la formation réponde aux critères de la branche professionnelle et que l’employeur l’accompagne dans la démarche.
Certains conseils régionaux, mais aussi des programmes spécifiques de branches ou d’État, peuvent aussi contribuer. Un détail : pour accéder à nombre de ces financements, l’organisme de formation doit posséder la certification Qualiopi.
Pour bien visualiser l’articulation des financements, on peut distinguer :
- Plan de développement des compétences : financement pris en charge par l’employeur, salaire en intégralité
- CPF : budget individuel, possibilité de complément lorsque l’entreprise l’accepte
- OPCO : intervention pédagogique, rarement sur la rémunération directe du salarié
Conseils pratiques pour maximiser vos chances d’obtenir un financement
Certains points restent décisifs pour mener votre dossier vers l’accord. Avant d’entamer toute demande, assurez-vous que la formation visée figure bien parmi les formations éligibles au CPF et que l’organisme dispensateur possède la certification Qualiopi. Ce filtre conditionne l’accès à la plupart des aides, autant publiques que privées.
Un dossier détaillé pèse dans la balance : votre objectif professionnel, les compétences ciblées et la valeur ajoutée pour l’entreprise doivent apparaître clairement. Plus la demande est argumentée, plus vos chances d’obtenir l’aval augmentent, notamment pour un projet de transition professionnelle. N’hésitez pas à inclure des données concrètes sur les besoins du secteur ou sur la plus-value pour l’entreprise.
La discussion sur un éventuel abondement CPF avec votre employeur peut s’avérer décisive, surtout pour des parcours stratégiques ou longs. Le dialogue avec les RH, dans ce contexte, devient incontournable. Pour toute formation relevant d’une évolution importante (changement de métier, montée en compétences significative), solliciter l’appui de l’OPCO compétent est souvent utile.
Selon votre situation, plusieurs appuis supplémentaires sont possibles. Voici ceux qu’il faut envisager selon le cas :
- Un salarié en situation de handicap peut solliciter l’AGEFIPH pour obtenir un accompagnement spécialisé
- Les demandeurs d’emploi ont accès à une aide individuelle à la formation auprès de France Travail
- Les travailleurs indépendants peuvent s’appuyer sur leur fonds d’assurance formation (FAF) ou l’AGEFICE selon leur secteur
Enfin, un dirigeant bénéficie, sous conditions, d’un crédit d’impôt formation, à mobiliser pour acquérir de nouvelles compétences managériales ou techniques.
À chaque étape, explorer ces ressources, s’entourer des bons conseils et soigner sa préparation fait toute la différence. Dans le dédale des dispositifs, une préparation rigoureuse et la persévérance ouvrent le passage vers la réussite professionnelle, il ne reste qu’à choisir le chemin qui correspond à ses ambitions.

